mercredi 20 décembre 2006

Première défaite. Des gens que j'avais mis sous Linux veulent retourner à Windows.

Motif de la migration Windows --> Linux : problèmes de conscience à pirater, et manque d'envie de payer les centaines d'euros correspondant à l'univers Microsoft.

Motif de retour Linux --> Windows : compatibilité OpenOffice.org avec Word que le reste du monde utilise.

Ce n'est donc pas un problème Linux Vs Windows, mais Word Vs OpenOffice.
J'aurais aimé avoir un argument du type «Word est meilleur qu'OpenOffice.org parce que ...». Mais non.
Que du contraire : il s'agit bien que Word est moins bon qu'OpenOffice.org : il manque à Word une fonction de compatibilité avec ses concurents.
C'est toute la duplicité du monde informatique actuel : c'est parce que Word est moins bon qu'il est utilisé : sa position dominante d'auto entretient.


OpenOffice.org fait ce qu'il peut

Le format doc est devenu un standard de fait. Seulement, il n'est pas documenté : Microsoft ne dit à personne comment les données sont codées dans le fichier doc. Les développeurs de OpenOffice.org travaillent énormément à deviner le codage de Word affin d'offrir à tout la possibilité de communiquer sans contraintes. Ils font ce travail contre Microsoft qui fait ce qu'il peut pour empêcher les gens de communiquer librement. Pour Microsoft, la seule communication possible doit passer par eux.
Microsoft travaille contre l'idéal internaute : la liberté d'expression et la possibilité d'échanger des documents avec qui on veut, sans contraintes. Microsoft veut epêcher ses clients de communiquer avec le reste du monde (jusqu'à internet Eplorer qui est incompatible avec les standards html).

Problème démocratique

Lorsqu'on met une information dans un fichier doc, il n'est plus possible ---ni pour le destinataire, ni même pour l'auteur--- de prendre connaissance de l'information sans acheter Windows+Word. L'information est donc contrôlée par Microsoft qui peut imposer ses conditions, et qui ne se gène pas. La première condition étant bien entendu de payer quelque centaines d'euros, mais il y en a d'autres.
Du coup, les gens sont coincés entre
1. Payer des centaines d'euros
2. pirater Windows ou Word, c'est à dire rentrer dans l'illégalité
3. systématiquement demander à ses correspondants d'envoyer les documents en format pdf ou odt, c'est à dire se faire passer pour un emm... un empècheur de tourner en rond, un fou qui ne veut pas utiliser Word pour une raison incompréhensible.

Avec ça, rares sont les personnes qui choisissent la troisième possibilité.
Quel problème démocratique ? Simplement que Microsoft contrôle l'accès à l'information.

Un exemple simple : la croix-rouge.

J'ai voulu écrire un article pour le journal de la section de Croix-Rouge de ma commune. On m'a demandé de fournir mon article au format doc. Ne tournons pas autour du pot : cette exigence est une restriction de ma liberté d'expression. La croix-rouge me fait du chantage pour me forcer à acheter des produits Microsoft, et le levier de ce chantage est ma liberté d'expression.

Cherchez autour de vous, chaque fois que vous voyez un fichier doc ou un format Microsoft quelconque, sachez que l'information derrière est sous contrôle exclusif de Microsoft. Exemple : le journal parlé de la RTBF est au format wmv. Ni plus ni moins que les informations publiques belges sont sous contrôle direct de Microsoft (relisez les conditions d'utilisation de MédiaPlayer).

Le monopole de Microsoft est donc bien plus qu'un problème technique (Windows est systématiquement une guerre en retard), c'est un problème de choix de société, et de démocratie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui.

Sauf que, à mon avis, Microsoft est en train de réfléchir sur sa politique commerciale. Et il y a des fortes chances que tout ce que tu dis change d'ici quelques années. Microsoft est conscient du problème. Il sait qu'il y a des propagandistes de Linux autour de lui, et il en a peur. Il s'améliorera, d'une façon détournée ou pas, pour que ces arguments ne tiennent plus débout.

Même si, il est vrai, leur ancienne politique a eu énormement d'influence et mettra du temps pour être abandonnée, parce qu'elle a fait gagner des milliards à l'entreprise.

moky a dit…

Bofement.
Il est vrai qu'on peut espérer que doc disparaisse à la faveur d'un format libre (Open XML ou ODF) sous la pression des gouvernements.
Mais !
Mais ce n'est pas la première fois que MS nous fait le coup de l'ouverture. Ils l'ont déjà fait avec RTF (dans Word) et en respectant html à la lettre au débuts d'internet Explorer. À chaque fois, ils ont volontairement cassé leur propre standards pour forcer.
Pour avoir de la compatibilité entre MS-Office et le monde libre, il faut télécharger un plug-in qui n'est même pas inclus par défaut. Moi je ne crois pas que MS ait la moindre volonté d'ouverture. Leur but est de faire du vaporware pour empêcher les gouvernements de migrer vers OOo (pour des raisons évidentes de démocratie). Quand l'afaire sera calmée, ils sortiont un OpenXML 2.1 qui sera fermé, incompatible avec le premier, et tellement meilleur que tout le monde n'utilisera plus que ça (surtout que ce sera le format par défaut de Word).

D'autre part, il y a toujours les DRM matériels qui peuvent définitivement enterrer Linux dans moins de 5 ans avec de la malchance.

Ces derniers jours, je suis assez pésimiste. Linux représente 0.7%des utilisateurs (en augmentation de 0.1% depuis 1 an). Microsoft n'a pas peur. Ils sont toujours capable de nous écraser comme un moustique à coups de DRM.

Pour moi, les DRM sont le plus gros danger contre Linux. Il faut voir si les gouvernements seront prêts à ne pas interdire des matériels violant manifestement la vie privé de 100% des utilisateurs. L'argument pro-DRM sera le piratage (càd du fric), et l'expérience montre que les gens sont massivement pas prêts à bouger le petit doigt pour protéger leurs libertés.

Je crois qu'il est vital pour Linux d'avoir 20% des parts de marché avant que les DRM ne sortent vraiment. Sinon, la mort est probable.
Pour cette raison, j'ai récemment changé d'avis : je suis pour l'inclusion de driver propriétaires par défaut dans Ubuntu pour faire marcher Béryl. Béryl étant complètement inutile, il est indispensable pour montrer que Linux aussi peut faire de la poudre aux yeux. Or c'est bien la poudre aux yeux qu'il faut pour que les gens viennent. En termes de qualités *pragmatique*, pour 90% des utilisateurs, il n'y a aucune différence entre Ubuntu, Windows XP et Windows Vista. Ces trois OS sont totalement équivalents.